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Équipe 1ère

Lorik Cana : «Je suis fier d’être Marseillais !»

Entretien
Posté par
David Guitton
Le Lundi 6 mai 2019 à 10:48

Vous avez pris votre retraite il y a deux ans, pouvez-vous nous parler de votre après-football ? 

«Je suis un jeune retraité du football. La première année, j’ai pris un peu de recul tout en passant mes premiers degrés d’entraîneur jusqu’à l’UEFA A. J’ai aussi commencé une initiative qui me tenait à cœur avec la fondation de bienfaisance et d’intérêt public que je préside. Sa mission est de promouvoir le sport et la culture chez les jeunes ici, en Albanie, et au Kosovo. En parallèle, je continue mon cursus de formation auprès de la Fédération Albanaise de Football en passant le diplôme de directeur sportif. Je prépare une carrière de dirigeant, on verra où ça me portera dans le futur.» 

Quelle place donnez-vous à l’OM dans votre carrière et dans votre vie ?

«Quand je suis arrivé à Lausanne du Kosovo, en 1990, c’était le club le plus soutenu. Avant même d’arriver en France, j’étais déjà un supporter de l’Olympique de Marseille. En 91, l’année de la finale perdue aux penaltys contre l’Étoile Rouge de Belgrade, je supportais déjà le club. Et puis, il y a la victoire de 93. Moi, j’ai grandi avec cette génération de grands joueurs : Papin, Casoni, Abedi Pelé, Barthez, Deschamps, Angloma, Di Meco, Rudi Völler, Alen Boksic... Ce sont des joueurs qui m’ont fait devenir amoureux de l’OM. Il y a la ferveur autour… Mon parcours a commencé à Paris et j’ai eu beaucoup de chance d’avoir eu cette opportunité. Quand j’ai voulu partir du PSG, le club dans lequel je voulais aller, le seul que j’ai toujours aimé, c’était Marseille. Il a une place importante dans ma jeunesse. Après, quand tu réussis à réaliser ton rêve en jouant pour ton club de cœur, à y passer des saisons fantastiques et que tu créés un lien avec les gens et la ville, c’est encore plus fabuleux. Sur une carrière professionnelle de 16 ans, ces quatre années sont peut-être les plus belles.»

Entrons dans le vif du sujet. L’OM enchaine deux matchs importants cette semaine, la Lazio puis le PSG. Vous avez porté les trois maillots, c’est particulier pour vous…

«C’est un clin d’œil du destin. Généralement, tu suis toujours un peu plus les clubs dans lesquels tu as joué. Spécialement l’OM. La Lazio, je la suis toujours. Ce sont les clubs dans lesquels je suis resté le plus longtemps qui vont se rencontrer en l’espace de 3 jours. Ça représente 13 ans de ma vie et de ma carrière. Ça faisait longtemps qu’il n’y avait pas eu un OM-Lazio, je crois que le dernier remonte à 2005 avec l’Intertoto (victoire de l’OM 3-0). C’était deux semaines avant que je signe à Marseille. Je me souviens que c’était un match assez chaud.
Au tirage, j’avais d’abord envie que les deux équipes passent, mais il y a toujours un amour un peu particulier pour l’OM.» 

« Il va falloir que l’OM soit au meilleur de sa forme »  

 

A la Lazio, vous avez découvert beaucoup de choses : le Calcio, les derbys contre la Roma, et vous avez remporté la Coupe d’Italie… Quelle est la place de ce club dans le football italien ?

«C’est un très gros club, avec beaucoup de traditions. Dans les dernières années, c’est un des seuls clubs qui réussit un peu à casser cette ligne en s’immisçant entre la Juve et Naples. J’ai eu la chance d’y jouer quatre années avec des hauts et des bas, avec ma première grosse blessure. Même à 28 ans, j’ai beaucoup appris. Ils n’ont pas les mêmes moyens que le Milan ou la Juve mais ils jouent régulièrement le haut du tableau depuis sept/huit ans. C’est assez admirable.»

Quels sont les dangers pour l’OM ?

«Ce match est quasi déterminant, il faut absolument gagner contre une équipe qui tourne très bien. Ils sont quatrièmes avec 6 victoires et 3 défaites. Ils ont perdu contre trois gros : la Roma, Naples et la Juve. C’est une formation qui joue à un très haut niveau. Contre des équipes qui ne sont pas sûres de leurs forces, la Lazio domine. C’est une formation qui se connait bien. Le danger numéro 1, c’est Immobile, de par le nombre de buts qu’il a marqués l’année dernière. Après, il y a Luis Alberto et Milinkovic-Savic qui sont des supers joueurs. Il va falloir que l’OM soit au meilleur de sa forme.» 

Un petit mot également sur le OM-PSG à venir. Vous avez connu la rivalité avec la Roma sachant que l’Italie réunit beaucoup de derbys. Dans quelle mesure est-ce comparable avec les Classicos ?

«Les OM-Paris, c’est différent. C’est un peu comme le Real-Barça, deux clubs qui ne sont pas dans la même ville avec des supporters qui ne se fréquentent pas au quotidien. Marseille est le club le plus titré en France, c’est le club historique, celui qui a gagné la Ligue des Champions. Ça a été la locomotive du football français pendant très longtemps. Paris est arrivé un peu plus tard. Il y a ce parfum de confrontation entre la capitale et la plus grande ville du sud de la France.» 

L’OM est sorti frustré du 2-2 de la saison dernière. Pensez-vous que le PSG peut chuter au Vélodrome dimanche ? 

«On savait que le PSG allait carburer à ce rythme, il n’a pas de rival en France. S’il y a un stade dans lequel il peut perdre, c’est à Marseille. On l’a vu l’année dernière… L’OM méritait la victoire et Cavani a égalisé sur coup franc en fin de match. Ça démontre que le PSG peut perdre à Marseille même si l’écart est conséquent. Mais si on met le facteur public, en sachant que l’OM a de très bons joueurs qui sont capables d’évoluer à un très haut niveau… Avec de la cohésion et de la confiance, Marseille est capable de l’emporter.»

Souhaitez-vous ajouter un dernier mot ? 

«Je suis fier d’être Marseillais !»