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À jamais le premier !

Hommage
Légendes
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OM
Le Dimanche 3 octobre 2021 à 08:34
Bernard Tapie a perdu son ultime combat. Contre un adversaire reconnu pour être imbattable. La lutte fut longue et âpre. Mais elle a fini par tourner du mauvais côté. Incarnant le succès, la victoire, la conquête, il a marqué la légende olympienne.

 

En 1986, Bernard Tapie se mettait en scène dans une pub TV pour les piles Wonder. À la fin de ce spot, Tapie, marchant d’un pas décidé, déclarait : « Je marche à la Wonder ».
On peut dire aujourd’hui que ça été le cas toute sa vie. Son moteur c’était l’énergie. Son carburant. Avec un seul et unique but : démontrer et prouver qu’on peut s’en sortir et bien réussir sa vie, même quand on vient d’un milieu très modeste, même en partant de rien. 
Bernard Tapie n’avait aucune limite. Il ne se préoccupait absolument pas de ce que l’on pouvait bien penser ou dire de lui. Il se foutait totalement du quand dira-t-on.
Il ne s’est jamais rien interdit : le monde des affaires, de l’automobile, du théâtre, de la chanson, des médias, de la politique, du sport... dans lesquels il s’est investi à sa manière, avec ses propres convictions. En pensant tout naturellement que c’était la meilleure façon de faire. Et c’était très souvent le cas. Avec l’espérance sensible de faire comprendre aux personnes aux origines modestes, que chacun a le droit d’y croire, que l’on peut gagner. C’est ce qu’il a fait par exemple encore ces dernières années, en convainquant les malades du cancer qu’il y a toujours un espoir. 

 

Bernard Tapie

 

Dans les années 80, Tapie c’est la réussite, l’exemple à suivre, le nouveau modèle du succès. Il bouscule les codes et les habitudes. Dans le cyclisme, il réveille un sport populaire mais conservateur, le libère de ses vieilles méthodes et permet à Bernard Hinault de remporter son 5e Tour. Il monte des écoles de formation, accompagnent des milliers de jeunes vers l’emploi, avec Ambitions qu’il anime tous les mois sur TF1, il favorise la création d’entreprises. 
Sa popularité découle de la reprise de sociétés en grande difficulté comme Manufrance, Testut, Look ou Wonder en passant par La Vie Claire, Terraillon... En 1982, c’est le rachat du bateau d’Alain Colas (Pen Duick) à l’abandon depuis la disparition du navigateur, pour le transformer en véritable formule 1 des océans. Rebaptisé, Le Phocéa, ce yacht de luxe établit en 1988 un nouveau record de la traversée de l’Atlantique. L’exploit le plus émouvant de Bernard Tapie. 

 

Bernard Tapie

 

C’est dans cette période qu’il reprend l’OM (1986) au terme d’un difficile bras de fer avec le président Carrieu qui finit par céder. En sept saisons, l’OM gagne 5 titres (1989, 1990, 1991, 1992 et 1993), la Coupe de France (1989) et la Coupe d’Europe après avoir disputé 2 demi-finales (1988 et 1990) et 1 finale (1991). Il attire les meilleurs comme Papin, Giresse, Völler, Förster, Tigana, Deschamps, Barthez, Francescoli, Boksic, Boli, Mozer, Allofs... Son intransigeance les fait mûrir, progresser. Les rend plus forts. Il change les mentalités des joueurs français notamment ceux pour qui passer par l'OM de Tapie est un tremplin réel vers la gloire et le succès. Mais avec lui, ça passe ou ça casse. Il faut être capable de répondre au niveau d'exigence. 

 

Bernard Tapie

 

Bernard Tapie n'avait pas choisi de reprendre l'OM par hasard. Il lui fallait un club populaire et susceptible de pouvoir répondre à ses grandes ambitions. Il savait qu'ici le football a quelque chose d'une religion. Il avait surtout compris que Marseille, à l'économie cassée, fragilisée à ce moment-là par la montée du FN et la mauvaise réputation, avait un besoin vital de se ressentir à nouveau première en quelque chose. De montrer un autre visage. Celui qui lui rendrait un peu de fierté, l'aurait à ses pieds. Pourquoi pas en football ? Un costume taillé pour lui.

 

Bernard Tapie

 

Bernard Tapie, un président engagé comme après l'effondrement d'une tribune à Furiani en mai 1992 où il était le premier à porter secours aux victimes. 


Bernard Tapie, qui était un patron intraitable, un meneur d’hommes charismatique et impressionnant, avait surtout l’intelligence de comprendre plus vite que n’importe qui. Était-ce du flair ? Le fruit de son expérience ? C’était beaucoup plus de choses qui lui étaient propres. A la tête de l'OM, Bernard Tapie était l’une des personnalités préférées des Français. L’incarnation de la gagne. De la réussite. Du pouvoir. De l’argent. La fierté de Marseille, une ville meurtrie qui recouvre avec lui et les succès olympiens, un sentiment de reconnaissance, d’audace. Mais d’arrogance et de supériorité pour les ennemis. 
Au point de susciter de la jalousie et de la malveillance ? Sans doute. 

 

Bernard Tapie


L’affaire VA-OM, n’offre-t-elle pas l’opportunité aux nombreux détracteurs de faire coup double : freiner les ambitions boulimiques de l’OM et mettre à terre Tapie ? 
Le fait est que l’OM et Tapie, majestueux vainqueurs du grand AC Milan au soir du 26 mai 1993, étaient occultés par un tourbillon mediatico-judiciaire qui allait tout emporter sur son passage. Le pire avait suivi le meilleur. L’enfer au paradis. Pour Marseille et son peuple, ce n’était que désolation. On voulait NOUS abattre.

 
Si c’était dans une tempête que Tapie était parvenu à récupérer le club en 1986, 7 ans plus tard, alors que l’horizon promettait de plus belles conquêtes encore, c’était un véritable ouragan qui précipitait le naufrage. 


A la vérité, tout ceci n’a pas atténué l’admiration --bien au contraire-- que nous ressentons pour lui. Nous lui devons tant. Nous lui devons tout. Nous étions à ses pieds. 
Grâce à lui, Marseille est redevenue première. 
Il nous a laissé des souvenirs légendaires. Transmis de père en fils. 
Tapie a aussi fait prendre conscience à la France du football que participer c’est bien mais que de gagner c’est quand même beaucoup mieux. 

 

Enfin, surtout quand c'est Marseille...