Coupe de France finale 1989

Jean-Pierre Papin : « La plus belle victoire de ma carrière»

Acteur majeur, sur et en dehors du terrain, de la finale de Coupe de France 1989, Jean-Pierre Papin, auteur d’un triplé, s’est remémoré cette fantastique soirée et cette saison inoubliable.

Le parcours

"À part en 32es de finale, tous les tours se jouaient en match aller-retour. En 32e, on élimine Pau, 4 buts à 0. Ensuite il y a eu Quimper, Toulon, Rennes, Auxerre. Toulon ça a été compliqué, c’était un derby. Ils avaient une équipe agressive, très agressive… L’équipe s’est bonifiée au fil du temps. On a appris à se connaître dans la saison et à la fin on ne perdait plus un match. Le socle était solide."

 

Papin

 

Le contexte

"L’OM est champion de France depuis 15 jours, il y a beaucoup de fatigue. Après le championnat, on joue les deux matchs contre Auxerre en demi-finale de Coupe de France. Ce sont deux matchs compliqués avec beaucoup de fatigue. On a fêté le titre, bien sûr, cela faisait tellement longtemps que l’OM n’avait pas gagné de trophée mais on savait qu’il y avait encore des matchs. On l’a fêté mais sans plus. On s’est vite remis dedans. La saison avait été longue. Au-delà de la fatigue, on a joué sur les nerfs."

 

Papin

 

La finale

"La veille de la finale, on s’entraîne à Orly. Le terrain n’est pas très bon, la séance dure à peine un quart d’heure. Le jour du match, à la causerie, tout le monde est fatigué. Gérard Gili était effaré de me voir manger un jambon-beurre avec un Coca à la collation juste avant le match. Cela montre l’état d’esprit dans lequel on était. Ensuite, on va reconnaître la pelouse. On pénètre sur le terrain, on lève les yeux et tout le stade était en bleu et blanc. Cela nous a vraiment donné un coup de fouet. On s’est dit que l’on ne pouvait pas passer à côté de cette finale."

 

Papin

"Ce jour-là, on était tous un peu déconnectés, peut-être à cause du titre de champion de France. On était hors-sujet mais l’arrivée au stade a tout changé. Les poils se sont hérissés et on s’est fixé comme mission de gagner la finale.

On mène très vite 2 à 0. On maîtrise bien la rencontre. Il y a pas mal de jeunes dans notre équipe. Monaco revient, puis on mène 3-1 et 4-1, je manque un penalty et ça finit finalement à 4-3. Quand l’arbitre siffle la fin du match, c’est une véritable délivrance. C’est la plus belle victoire de toute ma carrière. Je marque trois beaux buts… Ce jour-là, j’avais l’impression que je pouvais réussir tout ce que je tentais. C’est impossible à expliquer. J’ai trois occasions et je marque trois buts. Il n’y a que le penalty que Jean-Luc Ettori va chercher pour le sortir.

Après le match, on a eu la soirée à Paris, on a fait une bonne bringue tous ensemble. Le lendemain, on est revenus à Marseille pour célébrer avec les supporters mais deux jours après, nous sommes partis en vacances. On n’a pas eu le temps de réfléchir à ce qu’on allait faire. Il n’y avait pas de matchs internationaux en juin à l’époque. C’était bien, on a pris conscience que l’on pouvait aller loin. Cela a pris du temps, presque deux saisons pleines mais c’était génial."

 

 

 

Le moment fort

"La bise au Président… Le pari, au départ, c’est de l’embrasser sur le front. Après le titre de champion, on se branchait entre joueurs quand on mangeait au Maracana (le restaurant du stade Vélodrome, à l’époque). On se dit que si on gagne la Coupe de France, j’embrasserai le Président de la République sur le front. Je pars avec cette intention dans la tribune au moment d’aller chercher la coupe mais face à lui, il a une telle aura, que je lui ai demandé de lui faire la bise et il a accepté. C’était largement suffisant et c’est rentré dans l’histoire. C’est un moment fort. C’est à l’image de notre saison. On était un peu fous, on tentait des choses, on réussissait, on ne se posait pas trop de questions. La seule chose qui comptait, c’était d’être champion. Ensuite, on a eu l’occasion de gagner la Coupe de France… Un doublé, ça n’arrivait pas souvent."

 

Le doublé

"Cette saison est entrée dans le patrimoine du club. C’était le retour d’un grand OM. On était costauds. On a mis du temps à prendre la tête du classement. L’équipe s’est construite au fil de la saison. On est bien partis, on a peu perdu (5 défaites) mais il y a eu beaucoup de matchs nuls (13 au total). A la fin, on a pratiquement tout gagné, surtout les matchs importants, contre Monaco, Paris, Auxerre… Les points valaient double contre ces équipes. Klaus Allofs est arrivé et cela m’a fait évoluer. C’était une équipe de copains avec 3 ou 4 bons jeunes qui nous ont épaulés toute la saison comme Eyraud, Cauet, Boli, Mura… Cela a donné de la force à l’équipe. Elle avait une âme, l’âme du club. C’était magnifique."

"J’étais là pour marquer. C’est l’année où j’ai décollé. J’ai le brassard, on fait le doublé, j’ai grandi très vite. Le brassard donne des responsabilités. Il y a un devoir d’exemplarité que je n’avais pas au départ.
J’avais besoin de temps et de comprendre où j’étais. L’année du titre, je l’ai compris. C’est un club hors normes. Ce club a besoin de grands joueurs, d'une grande équipe, de victoires et de titres."

 

Papin

 

Ce qu’il en reste

"Quand j’ai des coups de blues, je regarde d’anciens matchs dans mon salon. Cela me rappelle de bons souvenirs. Être le dernier à avoir soulevé la Coupe de France avec le maillot de l’OM sur le dos ? Je n’y pense pas… Au match contre Annecy à l’Orange Vélodrome, j’ai vu un tifo me représentant soulevant la Coupe de France. C’est là que ça m’a renvoyé à ce moment et ça m’a rappelé de bons moments.
Il ne m’en reste que de la fierté. La fierté d’avoir marqué trois buts, d’avoir soulever la coupe, d’avoir embrassé le Président. Cette coupe est pleine de symboles, on l’a tellement méritée. A tel point que c’était normal."

 

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